Certaines décisions sont parfois étonnantes.
Tout d’abord, c’est par simple curiosité que j’ai regardé le tableau de bord des livres que j’avais écrits. À ce jour, je n’ai publié que quatre bouquins alors que j’en ai pondu huit avec celui que j’ai achevé tout récemment. Celui-là comme les trois autres ne verra pas le jour et restera au secret. Pour quelles raisons ? J’avoue n’avoir aucune explication tangible.
Si je me concentre sur le dernier roman terminé il y a quelques jours, il me vient de nombreux souvenirs du début de la création de mon récit. J’ai trouvé le synopsis génial, je l’ai adoré. J’ai tout d’abord pris un énorme plaisir à effectuer de très fructueuses recherches historiques. Que d’heures enrichissantes passées à faire ma fouine dans des archives !
Ensuite, j’ai façonné à la manière d’un sculpteur le profil de mon personnage principal : son apparence physique, ses qualités, ses défauts, son histoire, enfin tous les attributs qui concourent à la crédibilité de mon “héros”. Puis, j’en ai fait de même avec tous les autres antagonistes et protagonistes du récit. Passionnant !
J’ai élaboré un plan assez peu concis, mais suffisant pour m’aider dans le travail de rédaction. Cela a été un véritable bonheur. Une extase et je n’exagère pas du tout.
Après quatre mois d’écriture, c’est avec humilité que j’apposais le vocable : FIN.
Je me suis octroyé quelques jours de répit avant de commencer les premières relectures. Puis les semaines de corrections sont arrivées. Là aussi, c’était délectable de faire danser les mots, jouer avec les verbes, sauter les virgules et m’amuser avec le temps et les accords.
Pour ce manuscrit comme pour beaucoup d’autres, je ne trouve le titre qu’à la fin. Après quelques réflexions, j’ai arrêté mon choix. Il me plaît parce qu’il résume en quatre mots le pitch de l’histoire.
J’ai ensuite passé quelques heures sur Photoshop et j’ai été très satisfait de l’idée de la couverture.
Tout allait donc pour le mieux et mon dessein était de l’éditer avec une sortie prévue pour la rentrée littéraire. J’étais dans les temps, j’avais un mois pour lancer la partie promotionnelle.
Et puis patatras !
J’avais quelques valses-hésitations et ma décision est tombée sans appel, tel un couperet “Non ! ce tapuscrit restera au secret.”
À l’instar des trois autres histoires qui ont connu le même sort, les raisons d’inaccomplissement étaient différentes pour ce dernier, mais il n’empêche…
Ne pensez surtout pas que je sois déçu. Cet acte de création m’a comblé de bonheur et j’en ressors plus fort, plus aguerri encore.
J’imagine que je ne suis pas le seul auteur à devoir prendre de telles décisions. Certains vont me trouver stupide d’avoir consacré autant d’heures à l’écriture et d’abandonner mon projet au fin fond de la mémoire de mon ordinateur. Après ces quelques réflexions, je ne sais toujours pas pourquoi certains travaux éclosent et d’autres pas. J’en entends certains me dire avec affection « Yann, t’es quand même un peu tordu ! »
Là est peut-être la seule explication. À vos avis ?