À l’image de ce Voyageur contemplant une mer de nuages (l’un des tableaux célèbre du peintre et dessinateur prussien Caspar David Friedrich, je préfère aujourd’hui prendre de la hauteur ; ne pas consommer et donc ne pas réagir à l’immédiateté des évènements qui me sont factuellement proposés.
Pour briser la métaphore, l’état du monde m’emmouscaille, pire, il me fait peur.
Je ne vais pas me lancer dans des concepts tarabiscotés pour vous expliquer cette aversion pour la société qu’ils nous fabriquent depuis des années. Lorsque j’écris « ils », sachez que je parle des puissants. Ceux-là, je les loge à peu près tous à la même enseigne. Si peu depuis plusieurs décennies ont œuvré avec le discernement nécessaire pour un monde meilleur.
Ces maestros qui nous gouvernent nous jouent de bien pâles partitions.
Le bien commun ne veut absolument rien dire. Et, ne venez pas me rétorquer que je sois ingrat ou que je ne sois pas lucide. J’observe juste l’état des lieux de notre planète, j’observe les dérèglements environnementaux, j’observe le fossé des inégalités se creuser ici et ailleurs dans le monde, j’observe ceux qui ne rient plus et qui sont de plus en plus nombreux, j’observe ceux qui comptent dès le 15 du mois, mais cela *ça n’a pas l’air d’inquiéter les cardinaux en costume, derrière les vitres teintées [*Francis Cabrel].
Pour masquer leurs manquements, ils nous inventent à grands coups de communication, des éléments de langage, et sortent de leurs chapeaux de fantasques personnages — pantins de chiffon —, issus de je ne sais quel sérail pour diriger nos destinées.
Nous dupes, lavés, essorés, rincés, par le truchement des médias aux ordres, nous perdons notre libre arbitre, pour sombrer sous les servitudes de ces maîtres extragalactiques.
Nous pensons ce qu’ils nous invitent à penser, nous votons pour ce qu’ils nous invitent à voter, nous mangeons ce qu’ils nous invitent à manger, nous respirons ce qu’ils nous invitent à respirer. Puis, nous écoutons religieusement les mièvreries d'une Christine et ses reines et allons au cinéma disséquer le dernier Chabadabada, c’est dire…
Tout cela est tellement pernicieux que nous ne nous en rendons même pas compte. Nous avons perdu, vous dis-je, notre libre arbitre. Celui qui nous donne cette capacité à réfléchir, à prendre conscience, à être en action, à être nous-mêmes.
J’entends bruisser dans l’oreillette les murmures d’un scrutin électoral grand-guignolesque à venir.
Devons-nous en rire, nous en inquiéter ? Pour tout vous dire et vulgairement : ça m’en touche une sans faire bouger l’autre.
Fort heureusement, il me reste [j’espère ne pas être le seul], le choix pour retrouver une ultime harmonie, de me percher au-dessus de cette mélasse pégueuse ; je contemple une mer de nuages, je prends mon temps et ça va mieux.